22 Décembre 2021

Le télescope Webb, une pointe d’accent français

Concentré d’innovation technologique et d’ambition scientifique, le télescope spatial Webb devrait nous faire franchir un nouveau cap dans la compréhension de l’Univers. Un programme exceptionnel piloté par la NASA, dans lequel la France a pris toute sa part.
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Illustration du Webb Telescope Crédits : NASA GSFC/CIL/Adriana Manrique Gutierrez, 2021

C’est le télescope le plus puissant jamais envoyé dans l’espace. Bientôt lancé par une fusée Ariane 5 depuis le Port spatial de l’Europe, le James Webb Space Telescope (JWST) prolongera les observations réalisées par le télescope Hubble depuis plus de 30 ans, qui ont fait avancer de manière spectaculaire notre connaissance de l’Univers. Equipé de 4 instruments scientifiques de pointe développés pour observer le rayonnement infrarouge et d’un miroir de 6,5 m de diamètre, Webb permettra d’aller encore plus loin avec une très grande résolution. « Avec Webb, nous nous affranchissons des limitations de Hubble, qui regarde principalement dans le visible : nous verrons à travers les nuages de poussière et de gaz opaques qui emplissent l’Univers et nous verrons les choses plus distinctement », explique Philippe Laudet, responsable de la thématique astronomie-astrophysique au CNES. 

Coopération internationale

Depuis son orbite située au point de Lagrange L2 à 1,5 million de km de la Terre, le télescope contribuera sans doute à de nouvelles découvertes scientifiques significatives : « En astrophysique, quand on regarde loin, on regarde tôt. L’observation plus précise d’objets plus lointains permettra de mieux comprendre l’origine de l’Univers après le Big Bang », poursuit Philippe Laudet. Mais ce n’est pas tout : Webb observera avec une résolution inégalée des exoplanètes comparables à notre Terre déjà détectées, pour savoir si elles sont entourées d’une atmosphère et, si c’est le cas, étudier la composition de cette atmosphère. Enfin, dans notre voisinage plus proche, le télescope scrutera le Système solaire vers l’extérieur, avec un intérêt particulier pour les petits corps et les lunes glacées des planètes géantes gazeuses. 

Cet outil scientifique sans précédent a été développé par la NASA, en coopération avec l’agence spatiale canadienne et l’ESA, qui fournit 2 des 4 instruments, le spectrographe NIRSpec et l’imageur infrarouge MIRI (Mid Infrared Instrument), ainsi que les moyens de lancement. Contributeur majeur de l’ESA, la France est fortement et directement impliquée dans ce programme. Les équipes conjointes du CEA et des laboratoires LESIA, IAS et LAM du CNRS ont en particulier réalisé, sous la responsabilité du CNES, l’imageur MIRIM, l’une des deux composantes de MIRI, qui est déjà l’un des instruments les plus demandés par la communauté mondiale des astrophysiciens. 

 Il s’agit d’une participation significative. Avec MIRIM, nous faisons de l’imagerie, de la coronographie et de la spectrographie à basse résolution. C’est une pièce essentielle dont le CNES a assuré la maîtrise d’ouvrage, c’est-à-dire le financement et la coordination des intervenants.

Philippe Laudet

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Philippe Laudet Crédits : CNES

La reconnaissance d’un écosystème

Au-delà de leur contribution à la réalisation du télescope, les scientifiques français participeront aussi à son utilisation. C’est ainsi que le programme Early Release Science proposé par l’IRAP-CNRS et financé par le CNES, a été retenu par la NASA pour observer les nuages de poussières de la nébuleuse d’Orion. « Cela fait partie des enjeux : en finançant le développement de tels outils, on s’assure une certaine priorité pour mener nos programmes d’observation », poursuit Philippe Laudet. Cette présence française sur Webb illustre la reconnaissance dont bénéficie l’écosystème scientifique et spatial français au niveau international. « Depuis 60 ans, le CNES a agrégé une connaissance technique et un savoir-faire pointu qui le rendent incontournable dans le domaine des sciences de l’Univers. Nous avons un riche historique de collaboration avec les agences spatiales et la capacité à fédérer et à irriguer les laboratoires de recherche et l’industrie, tout cela nourrit notre crédibilité », conclut Philippe Laudet.